Recherches et découvertes

En complément des études historiques préalables aux restaurations, l’observation fine de la cathédrale, à la faveur des chantiers, contribue à la connaissance de l’édifice, valorisée par des publications.

Les auteurs sont ceux qui interviennent directement à la cathédrale ou des érudits et universitaires auxquels l’administration accorde l’autorisation de pénétrer dans les zones de travaux et d’accéder aux échafaudages pour « mettre le nez sur la pierre ». Léonard Hippolyte Roger et Jules Dumoutet écrivent chacun une monographie sur le monument ; il est permis à Albert des Méloïzes, président de la Société des antiquaires du Centre, de dessiner les vitraux pour son bel ouvrage, etc. 

Manuscrit de la Monographie de la cathédrale de Bourges de Jules Dumoutet, 1864-1865. Bibliothèque municipale de Bourges, Ms 450. Il a reçu le premier prix des sociétés savantes en 1865.
Manuscrit de la Monographie de la cathédrale de Bourges de Jules Dumoutet, 1864-1865. Bibliothèque municipale de Bourges, Ms 450. Il a reçu le premier prix des sociétés savantes en 1865.
Une autorisation non systématique

Parfois la confidentialité est de rigueur. Dans une lettre du 19 septembre 1904, Henri Tarlier réprimande Paul Gauchery d’être venu relever et photographier des objets de fouille : 

« vous êtes venu avec une autre personne, relever et photographier divers objets provenant de nos fouilles de la cathédrale (...) je suis forcé à mon regret de vous prier de n'amener personne au chantier et de vous contenter de regarder ! J’ai des instructions sévères, vous faîtes beaucoup de jaloux en vous promenant partout à l’aise et, chaque jour, cette maudite défense me fait des ennemis de plus. Si on apprend, et cela ne fait aucun doute, que vous dessinez et photographiez, cela sera un tas de potins et de rapports dont je frémis à l’avance ».

En effet, Paul Boeswillwald, qui donne les ordres, est critiqué pour interdire l’accès aux fouilles lors de l’aménagement du caveau des archevêques.

Dans le fonds de Paul Gauchery, est conservé un dessin du caveau des archevêques de Daniel Lacroix, daté de la même année que la lettre. Daniel Lacroix serait-il la personne que Paul Gauchery a fait entrer sur le chantier sans l'accord d'Henri Tarlier ?... Cela est fort probable !

Lettre d’Henri Tarlier adressée à Paul Gauchery, le 19 septembre 1904. AD du Cher, 36 J 30
Lettre d’Henri Tarlier adressée à Paul Gauchery, le 19 septembre 1904. AD du Cher, 36 J 30
Vue d’ensemble et détails du caveau des archevêques, avec plan et coupes cotés, dessinés par Denis Lacroix au crayon sur papier, le 20 novembre 1904. AD du Cher, 36 J 49
Vue d’ensemble et détails du caveau des archevêques, avec plan et coupes cotés, dessinés par Denis Lacroix au crayon sur papier, le 20 novembre 1904. AD du Cher, 36 J 49

D’abord étudiée par les érudits locaux et les quelques chercheurs parisiens en correspondance régulière avec Paul Gauchery (Camille Enlart, François Deshoulières, Amédée Boinet), la cathédrale de Bourges devient un exemple national grâce à l’enseignement dispensé par Henri Focillon à la Sorbonne puis à l’université de Yale, aux États-Unis, dans les années 1930. 

Lettre de Camille Enlart, directeur du musée de Sculpture comparée, adressée à Paul Gauchery, 1er août 1917. AD du Cher, 36 J 30
Lettre de Camille Enlart, directeur du musée de Sculpture comparée, adressée à Paul Gauchery, 1er août 1917. AD du Cher, 36 J 30

Un étudiant américain, Robert Branner (1927-1973), en fait son sujet de recherche. Il réalise les fouilles du chœur et analyse les phases gothiques de construction de part et d’autre de la « coupure Branner », après la 8e travée de la nef. Il trouve une aide précieuse en Robert Gauchery qui se plaît à dessiner nombre de détails dans ses carnets.

Élévations intérieure et extérieure de la cathédrale, dressées à l’encre et aquarellées par Paul Boeswillwald en 1889. Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, 82/18/1002, 14303
Élévations intérieure et extérieure de la cathédrale, dressées à l’encre et aquarellées par Paul Boeswillwald en 1889. Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, 82/18/1002, 14303
Plan des fouilles menées à la cathédrale par R. Branner et P. Capron, impression sur papier, 1951. AD du Cher, 36 Fi 63 161
Plan des fouilles menées à la cathédrale par R. Branner et P. Capron, impression sur papier, 1951. AD du Cher, 36 Fi 63 161
Lettre de Robert Branner adressée à Robert Gauchery, le 24 mars 1950, sur les conseils de Louis Grodecki, historien de l’art et beau-fils de Gauchery, en séjour aux États-Unis. AD du Cher, 1763 W 82
Lettre de Robert Branner adressée à Robert Gauchery, le 24 mars 1950, sur les conseils de Louis Grodecki, historien de l’art et beau-fils de Gauchery, en séjour aux États-Unis. AD du Cher, 1763 W 82
Les fouilles archéologiques

Certains aménagements impliquant l'enlèvement du dallage de la nef suscitent l'ouverture des premières fouilles. Ainsi Léonard Hippolyte Roger, inspecteur diocésain, retrouve quelques fragments du jubé et une partie du chœur de la cathédrale romane en 1856 alors qu'il suit la mise en place d'une nouvelle clôture de chœur. Des fouilles plus importantes mettent au jour le reste des fragments du jubé et le caveau des archevêques à partir de 1894, date de la construction de la salle de chauffe du calorifère. Elles sont ensuite complétées par les sondages de Branner réalisés en 1951-1952, sous la direction de l’ACMH Michel Ranjard, encore actif en 1971 lorsque l’archéologue Alain Ferdière, en collaboration avec Pierre Bailly, dégage des vestiges gallo-romains à l’emplacement de l’ancien archidiaconé.

Dessin à l’encre et au crayon des fouilles « faites pour le placement des seuils destinés à recevoir les scellements des grilles en fer de l’entrée latérale du chœur, côté du sud », par Léonard Hippolyte Roger, 1856. AD du Cher, J 209
Dessin à l’encre et au crayon des fouilles « faites pour le placement des seuils destinés à recevoir les scellements des grilles en fer de l’entrée latérale du chœur, côté du sud », par Léonard Hippolyte Roger, 1856. AD du Cher, J 209
Notes et dessins des fouilles de l’église romane, Léonard Hippolyte Roger, 1856. AD du Cher, J 209
Notes et dessins des fouilles de l’église romane, Léonard Hippolyte Roger, 1856. AD du Cher, J 209
Plan du caveau des archevêques et de la crypte « bâtie au-dessus du mur romain au XIIIe », dressé par Paul Gauchery au crayon, à l’encre et au lavis sur calque, s. d. AD du Cher, 36 Fi 63 154
Plan du caveau des archevêques et de la crypte « bâtie au-dessus du mur romain au XIIIe », dressé par Paul Gauchery au crayon, à l’encre et au lavis sur calque, s. d. AD du Cher, 36 Fi 63 154

Les annotations de l’architecte présentent une description architecturale, précisent des mesures et évoquent le contexte de découverte des vestiges antérieurs à la cathédrale gothique : « l’ancienne église du XIIe dont les bases ont été retrouvées par M. Roger avait la même largeur de nef… ».

Dessin annoté du caveau des archevêques, Paul Gauchery, 1904. AD du Cher, 36 J 49
Dessin annoté du caveau des archevêques, Paul Gauchery, 1904. AD du Cher, 36 J 49
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