La sculpture monumentale

La réfection des pierres moulurées des baies ou des corniches est confiée à des tailleurs de pierre, mais les reliefs et figures des chapiteaux et des portails sont restaurés par des sculpteurs formés à l’École des beaux-arts.

Dans la première moitié du XIXe siècle, les efforts de restauration se concentrent sur les portails occidentaux mutilés par les huguenots en 1562. C’est d’abord Narcisse Romagnesi, venu d’Orléans avec l’architecte François-Narcisse Pagot, qui est chargé de refaire les voussures du portail central dont deux rangées sont déposées. Entre 1840 et 1847, il est remplacé par Théophile Caudron, Grand Prix de Rome, qui poursuit les travaux et exécute les devis de Barthélemy Juillien pour la reprise des portails Saint-Étienne et Saint-Ursin.

Devis supplétif dressé par Barthélemy Juillien le 14 octobre 1845. Le document porte presque exclusivement sur les sculptures qui « sont d’une extrême délicatesse ». AD du Cher, J 210
Devis supplétif dressé par Barthélemy Juillien le 14 octobre 1845. Le document porte presque exclusivement sur les sculptures qui « sont d’une extrême délicatesse ». AD du Cher, J 210
État des travaux dressé par Barthélemy Juillien le 20 décembre 1849. AD du Cher, J 210
État des travaux dressé par Barthélemy Juillien le 20 décembre 1849. AD du Cher, J 210

Le deuxième chapitre, sur le portail Saint-Étienne, distingue les bas-reliefs anciens conservés des ouvrages neufs. 

Mémoire des sculptures faites par Caudron entre 1840 et 1847 au portail central et au portail Saint-Étienne, dressé par Barthélemy Juillien le 10 avril 1853. AD du Cher, V 100
Mémoire des sculptures faites par Caudron entre 1840 et 1847 au portail central et au portail Saint-Étienne, dressé par Barthélemy Juillien le 10 avril 1853. AD du Cher, V 100

Si le travail des sculpteurs est localement apprécié, le secrétaire du Comité historique des arts et monuments, Adolphe-Napoléon Didron, écrit un rapport critique quant aux choix techniques et iconographiques, dès 1848. L’administration décide donc de ne plus allouer de crédit à la restauration des sculptures. Seules quelques interventions sur les portails latéraux sont réalisées, notamment par Jules Dumoutet et Jean-Baptiste Villatte. Les statues en pied conservées sont remises en place dans les niches du portail central en 1851-1852.

Figures d’ébrasement du « porche central » de la façade occidentale de la cathédrale de Bourges, dessinées et peintes par Jules Dumoutet, s. d. Bibliothèque municipale de Bourges, Ms 452, pièce n°33
Figures d’ébrasement du « porche central » de la façade occidentale de la cathédrale de Bourges, dessinées et peintes par Jules Dumoutet, s. d. Bibliothèque municipale de Bourges, Ms 452, pièce n°33

Sur le dessin de Jules Dumoutet, élève de François-Alexandre Hazé, il est précisé que le fond sur lequel s’inscrivent les statues est peint en vert et que la figure de droite forme un retour d’angle sur la face du contrefort droit.

Il faudra attendre la fin du XXe siècle, à partir de 1974, pour que de nouveaux travaux soient engagés sur les portails, sous la direction de Pierre Lebouteux, architecte en chef des monuments historiques, après études des altérations et de la polychromie des sculptures.

Pierre et ciment

Caudron retaille les figures de Romagnesi, trop éloignées des modèles déposés. Il conserve les éléments d’origine en restituant les manques avec du ciment romain. Il s’inspire des vestiges en place et de ceux de la cathédrale d’Amiens où il opère aussi en 1843-1844. L’insurrection de Didron contre l’emploi du ciment donne lieu dès 1849 à une circulaire obligeant le remplacement d’une lacune par un matériau de même nature.

Détails du portail central du Jugement dernier. Drac Centre-Val de Loire
Détails du portail central du Jugement dernier. Drac Centre-Val de Loire

Les ajouts au ciment romain de Théophile Caudron ont une couleur brune caractéristique. Mis au jour lors du chantier de restauration de 1998-2011, ils ont été patinés à la teinte de la pierre d’origine.

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