Vies de Châteaux

Vies de Châteaux

Des premières implantations seigneuriales du XIe siècle, aux constructions "modernes" du XIXe siècle, les châteaux du Cher constituent un patrimoine architectural d'une grande richesse d'époques et de styles qui enrichissent le patrimoine du département. La variété des exemples et leur originalité donnent une perception inédite de cet héritage d'exception.

Les édifices les plus célèbres jalonnent l'historique Route Jacques Coeur, et nombreux sont ceux qui par leur histoire, leur architecture ou les hommes qui les ont habités, ont tenu un rôle important dans la construction du territoire de l'ancienne province du Berry, et dans celui du Cher aujourd'hui.

Le service du patrimoine réalise cette étude d'inventaire afin de proposer une histoire du paysage castral du département du Cher. L'exposition virtuelle, Vies de Châteaux, cherche à retracer, en quelques images, l'évolution de ces édifices au fil des siècles.

Les photographies des châteaux ont été réalisées par François Lauginie, et sont autant de documents témoins essentiels à l'analyse architecturale de ces édifices. 

Exposition virtuelle réalisée par Mathilde Mary, stagiaire au service du patrimoine de la Direction des Archives départementales et du patrimoine du Cher, Master 1 Valorisation et médiation culturelle, Université Savoie-Mont-Blanc.

Les premières implantations seigneuriales
Les premières implantations seigneuriales

Ce détail du plan de la paroisse de Brinon en 1680, conservé aux Archives départementales du Cher, met en évidence une élévation de terrain. Il s'agit en réalité de la représentation d'une motte de terre qui servait originellement de base pour l'implantation d'un édifice. L'utilisation de ces mottes artificielles remonte au IXe siècle et représentent les premières formes de châteaux féodaux. Ces derniers prenaient l'apparence d'une tour de guet, en bois ou en pierre, qui pouvait être protégée par une enceinte fortifiée (bois ou pierre), entourée de fossés.

La Tour de Vesvre (Neuvy-Deux-Clochers) est un des célèbres exemples d'implantation seigneuriale sur une motte. Elle consistait en une motte défensive portant une tour de guet et peut-être une habitation seigneuriale primitive, séparée par une basse-cour.

L'ère des fortifications
L'ère des fortifications

La tour de défense de l'ancienne forteresse du Châtelet, témoigne des fortifications des XIIe et XIIIe siècles. C'est sous le règne de Philippe Auguste (1179-1223) que s'opèrent les grands chantiers de fortification. La grosse tour de Bourges a longtemps été un témoin de cette présence royale.

Après avoir récupéré le Berry et d'autres provinces des mains des Anglais, le roi décide de renforcer les défenses des villes et des places fortes afin de protéger le territoire royal.

Les remparts de Dun-sur-Auron sont un autre exemple d'enceinte fortifiée, bien conservée, encore visible sur le territoire.

L'édification des maisons fortes
L'édification des maisons fortes

Les maisons fortes sont des logis fortifiés, construits à la campagne par la petite noblesse des chevaliers. Elles pouvaient avoir plusieurs aspects, comme prendre la forme d'une tour de défense avec haute porte, baies et créneaux (Ourouer-les-Bourdelins, Bussy, Cuffy, Coust), ou alors celle d'une plateforme fossoyée, fortifiée par au moins un ouvrage d'entrée et quelques tourelles (Tour de Vesvre, donjon de la Chapelle d'Angillon).

Le Creuzet (Coust) fait partie de ces maisons fortes. Elle comporte des éléments de défense et de protection, ajoutés au cours de la guerre de Cent Ans (1337-1453) que l'on peut observer dans les machicoulis et le chemin de ronde qui couronnent la tour, ainsi que le large massif de maçonnerie qui consolide la base des murs.

Se défendre et se protéger : une priorité durant la guerre de Cent Ans
Se défendre et se protéger : une priorité durant la guerre de Cent Ans

Fortifié et armé pour se protéger, le château de Sagonne est un modèle de référence de château du XIVe siècle dans le Cher.

Durant la guerre de Cent Ans (1337-1453), les forteresses se dotent de pont-levis à flèches (pièces en bois à bascule) pour empêcher l'ennemi d'entrer en cas d'invasion ou de siège. Les édifices se munissent aussi de vantaux (panneaux mobiles), de herses, d'assommoirs, de brétèches, ainsi que de meurtrières et d'archères. C'est également la période de construction d'enceintes fortifiées comme le célèbre château d'Ainay-le-Viel et de façon plus modeste La Grande-Cour à Mornay-Berry.

L'émergence de la fonction résidentielle du château
L'émergence de la fonction résidentielle du château

La restitution du château de Concressault, réalisée par Michel Capo dans les années 1960, donne une vision de l'édifice dans son état présumé au XIVe siècle. Les modifications apportées à cet édifice ont été commandées par Jean de France, Duc de Berry.

Le duc de Berry est aussi le commanditaire de résidences royales comme le château de Mehun, le Palais de Bourges (avec sa Sainte Chapelle). Même si ces édifices ont en partie disparu, les représentations anciennes et les archives montrent à quel point la richesse de leur architecture et de leur décor témoignaient de l'importance de leur royal propriétaire au XIVe siècle.

L'introduction des éléments de conforts dans la conception intérieure des châteaux marque un tournant dans l'histoire de l'architecture castrale : la notion de résidence prend de plus en plus d'importance au détriment de la seule fonction défensive.

Les châteaux de la Renaissance
Les châteaux de la Renaissance

Le château de Meillant est un des plus importants du Berry. Les travaux d'embellissement qu'il a subi au XVe siècle ont été commandités par Charles Ier d'Amboise (mort en 1481). Son fils, Charles II d'Amboise, a continué la supervision des travaux après la mort de son père. Ces deux hommes ont fait partie des gouvernements des rois Louis XI, Charles VIII et Louis XII. Ils ont donc commandé aux bâtisseurs de Meillant une rénovation dont les décors seraient à leur gloire.

La Tour du Lion, est une des plus remarquables de cet édifice. Elle appartient au style architectural du gothique flamboyant que les maîtres d'oeuvre aiment encore à appliquer au XVIe siècle.

Pourtant quelques éléments dits "à l'antique" utilisés par les architectes de la Renaissance cohabitent encore avec le style gothique. La superposition des modes de construction est encore fréquente.

Les châteaux des guerres de Religion
Les châteaux des guerres de Religion

Le château de Genouilly et le château du Boucard sont des édifices emblématiques propriétés de personnages militaires importants en Berry pendant les guerres de Religion (1560-1598).

Celui de Genouilly est un édifice reconstruit en 1586 pour le Maréchal de France, Claude II de la Châtre, chef de la Ligue en Berry. Le château aurait servi de quartier général durant les guerres de Religion. Il est un des premiers exemples d'architecture de la fin du XVIe siècle, où on utilise l'appareil polychrome, brique et pierre, en Berry.

Le château du Boucard (Le Noyer), est aussi un édifice médiéval transformé vers 1560. Il appartenait à François Boucard, écuyer du roi Henri II (1547-1559), qui s'était rallié aux protestants au début des guerres, en devenant le chef d'artillerie du prince de Condé. François Boucard a fait sculpter, sur son château, des emblèmes militaires symbolisant sa carrière.

De nouvelles perspectives architecturales : le XVIIe siècle
De nouvelles perspectives architecturales : le XVIIe siècle

Au XVIIe siècle, des fortunes étrangères au Berry achètent des terres et seigneuries pour construire ou reconstruire de nouvelles maisons. Le château de Lignières en est un exemple. Il a été acheté par Jérôme de Nouveau, grand maître des postes et relais de France. Il fait reconstruire le château sur les anciennes bases d'une forteresse féodale, abattue en 1653. On voit encore le plan quadrilatère, entouré de douves, reprenant les traces des anciens fossés.

Cette disposition fait référence aux principes théorisés par Philibert de l'Orme (1510-1570) et Jacques Androuet du Cerceau (1515-1585), appliqués aux châteaux royaux dès le milieu du XVe siècle et adaptés à ceux de la noblesse le siècle suivant.

Dans ces nouvelles constructions, les châteaux n'ont plus d'éléments de défense réels. Ils subsistent cependant fréquemment en tant qu'éléments architecturaux décoratifs.

C'est aussi à cette période que les jardins prennent de plus en plus d'importance.

Les châteaux du XVIIIe siècle
Les châteaux du XVIIIe siècle

Le château du Blosset (Vignoux-sur-Barangeon) est un édifice du XVIIIe siècle. Son propriétaire, Paul de Blosset, était ambassadeur de Louis XV au Danemark entre 1766 et 1774. Il fait totalement reconstruire le château de l'ancienne seigneurie de Bourdeilles d'après des plans dessinés en 1771, par l'architecte danois Joseph-Christian Zuber (1736-1802).

Le XVIIIe siècle est le siècle du rococo mais aussi du néoclassicisme : les volumes, la géométrie, l'harmonie des proportions, offrent à ce château une architecture simple mais puissante, caractéristique du style néo-classique.

Le XIXe siècle : renaissance des châteaux
Le XIXe siècle : renaissance des châteaux

Avec le développement du mouvement romantique, le goût pour un courant architectural, littéraire et pictural néo-gothique imprègne les mentalités au XIXe siècle. La rénovation du château de Menetou-Salon exprime cette nouvelle vision de l'architecture. On reconstruit, on rénove, on agrandit en adoptant les théories du célèbre architecte français, Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879), qui posait le principe de rétablir l'édifice dans "un état complet qui peut très bien n'avoir jamais existé à un moment donné".

A la fin du XIXe siècle, les grands propriétaires font appel au célèbre architecte parisien Paul-Ernest Sanson (1836-1918) qui intervient dans la reconstruction et la restauration de trois châteaux des plus remarquables de cette époque et de notre département : Menetou-Salon, Maubranche (Moulins-sur-Yèvre) ou encore La Verrerie (Oizon).

L'avènement des parcs et jardins
L'avènement des parcs et jardins

Pour compléter la majesté de ces constructions d'exception, on fait appel à des paysagistes réputés. Le parc du château de Maubranche (Moulins-sur-Yèvre) est une création des paysagistes Henri et Achille Duchêne (père et fils). Ils ont également collaboré avec l'architecte Paul-Ernest Sanson à la création des jardins du château de Menetou-Salon.

Paul de Lavenne de Choulot (1794-1864), autre paysagiste célèbre, conçoit un grand nombre de dessins de parcs de châteaux dans le département. Dans l'environnement proche du château, les jardins mêlent symétrie, perspective et théâtralité, pour l'embellir et lui donner de l'importance. Plus loin, l'aspect naturel du terrain devient un atout pour le mettre en valeur.

Synthèse
Synthèse

Présentée du 15 septembre 2017 au 8 janvier 2018, à la Direction des archives départementales et du patrimoine, puis reprise sous une forme virtuelle, l’exposition Vies de Châteaux, retrace l’historique des implantations castrales dans le département du Cher.

Fruit d'un grand travail mêlant recherches archivistiques et enquêtes sur le terrain, cette étude menée par le service du patrimoine, aboutira à la publication prochaine d'un ouvrage de synthèse.

Enrichie de plus de 2000 photographies prises sur le terrain, cette analyse sur les châteaux du Cher permettra de découvrir ou redécouvrir ce patrimoine d'exception.

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