Les baies et vitraux
Les baies sont composées d’un réseau en pierre qui les divise en lancettes, polylobes et roses accueillant des panneaux vitrés de vitraux sertis de plombs. Leurs restaurations régulières font appel aux maîtres-verriers comme aux maçons.
André Bout, verrier berruyer, intervient sur les vitraux de la cathédrale au début du XIXe siècle et, jusque dans les années 1840, pour la remise en plomb du grand housteau. Il utilise des verres incolores pour combler les lacunes. Barthélemy Juillien constitue ensuite un stock de verres colorés anciens pouvant servir en remploi. Dans le pilier butant, ce dépôt est accompagné d’un atelier destiné aux maîtres-verriers qui travaillent sur place avec du matériel fourni par la fabrique puis par l’État.
En 1843, alors que l’archevêque convie Étienne Thévenot, maître-verrier clermontois et inspecteur des monuments historiques, pour l’étude des vitraux de la chapelle d’axe, un ouragan dégrade les verrières. Juillien demande un devis à Thévenot qui, dès 1845, intervient sur des baies du déambulatoire et de ses chapelles, en collaboration avec le berruyer Félix Chédin. En parallèle, Victor Gay et Jules Dumoutet réparent le réseau des fenêtres de chapelles latérales.
Tous issus du fonds de l'inspecteur diocésain Léonard Hippolyte Roger, les différents dessins sont de la main de l'inspecteur, de l'architecte Victor Gay ou, peut-être pour certains croquis, du peintre et sculpteur Jules Dumoutet. Les plans, élévations et coupes définitifs, dressés à l'encre et aquarellés, accompagnaient les devis de restauration des baies des chapelles des Tullier et des Fonts Baptismaux. Ils ont été vus et approuvés successivement par l’archevêque de Bourges, le préfet du Cher, la Commission des arts et édifices religieux et la Direction générale de l’administration des Cultes, entre le 27 août et le 12 octobre 1849.
Des carnets conservés à la Bibliothèque municipale de Bourges présentent de nombreux dessins de vitraux dont certains occupaient les baies hautes des collatéraux intérieurs. Des annotations précisent l'iconographie et les teintes des verres. Une page est même consacrée aux moules à faires pour les morceaux de verre à remplacer. Une feuille de calque quadrillée, insérée dans l'un des carnets, a sûrement servi de repère au dessinateur pour réaliser ses croquis, dessinateur qui est malheureusement anonyme. Peut-être faut-il y voir la patte de Jules Dumoutet ?
Entre 1855 et 1858, Léonard Hippolyte Roger recrute une nouvelle équipe pour d’autres baies du déambulatoire : le peintre Louis Steinheil, cartonnier de la Sainte-Chapelle de Paris, et le maître-verrier Nicolas Coffetier. Le fils de Steinheil, Adolphe, et Charles Leprévost travaillent aux baies hautes dans les années 1880. Tous utilisent une méthode de nettoyage non invasive et les verres brillants du XIXe siècle, parfois patinés.
Fernand Montigny, entrepreneur de maçonnerie à Bourges, et Albert Boinot, peintre-verrier à Paris, réalisent la restauration du grand housteau sous la direction de Paul Boeswillwald entre 1906 et 1911.
Les relevés présentent en détail le réseau du remplage du grand housteau : chaque élément en pierre est précisément taillé et mouluré en fonction de la place qu’il occupe au sein du réseau. Les différents types d’élément ou modules sont bien délimités par des traits correspondant aux joints et, parfois, clairement identifiés par une lettre qui se répète autant de fois que le module est utilisé (on compte ainsi 12 « a » ou « a’ » pour les rayons principaux de la rosace sur le relevé de 1909).
Les peintures de Jules Dumoutet des verrières du grand housteau montrent dans la 6e lancette l’emploi d’un bouche-trou c’est-à-dire d’un panneau qui a appartenu à un autre vitrail déposé et qui a été placé à l’emplacement d’un manque : cherchez l’intrus… qui n’existe plus aujourd'hui.
Les vitraux sont entretenus par différents maîtres-verriers dont Francis Chigot jusqu’à leur dépose réalisée par Robert Gauchery à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
Les restaurations des années 1980-1990 sont confiées à Jean Mauret.
Les architectes alertent aussi sur les verres brisés par des voleurs ou un chasseur de pigeons !