Le fer et le plomb
Le fer
Les travaux de restauration menés sur l’architecture ou les décors sculptés permettent de mettre au jour des armatures métalliques (tirants, chaînage, goujons ou barlotières des vitraux) qui nous renseignent sur les modes de construction des cathédrales. En effet, si le fer est souvent présenté comme le matériau de prédilection des architectes du XIXe siècle, son introduction remonte souvent à la période médiévale. En revanche, le fer, sujet à l’oxydation et à la rouille, a parfois dû être remplacé, au même titre que les pierres fissurées ou éclatées dans lesquelles les barres étaient fichées. Il est notamment utilisé par Théophile Caudron qui ajoute au ciment de ses sculptures des goujons et du fil de fer galvanisés. Antoine Nicolas Bailly et Paul Boeswillwald ont également recours au fer pour la fabrication des grilles et clôtures, extérieures comme intérieures qu’ils conçoivent et dessinent.
L’étude des éléments lapidaires déposés permet de mieux comprendre les modes de construction du Moyen Âge ou les choix et méthodes de restauration.
Chapiteau à crochets feuillagés et tailloir polygonal avec fragment de colonnette, cathédrale de Bourges, pierre calcaire, XIXe siècle. Dépôt lapidaire du pilier butant, LA 0167, propriété de l’État.
Composé d’une corbeille circulaire, sculptée de feuilles stylisées sur deux registres, le chapiteau est vraisemblablement une copie du XIXe siècle dont la taille soignée, à la gouge plate, est restée inachevée. Il semblerait qu’une casse ait causé l’arrêt du travail : les deux fragments ont été recollés grossièrement à l’aide d’un mastic débordant. Le chapiteau a donc été réparé et conservé, probablement pour servir de modèle et d’« objet test » au cours d’un chantier de restauration. Des traces de badigeon masquant la réparation correspondent à des essais de couleur pour rechercher une teinte adéquate à apposer sur la pierre. Un petit crochet métallique a également été inséré au centre de la corbeille.
Fleuron à crochets, cathédrale de Bourges, pierre calcaire, XIIIe siècle. Dépôt lapidaire du pilier butant, propriété de l’État.
Cet imposant fleuron devait couronner un pinacle ou un gâble extérieur. Il était scellé aux blocs de pierre inférieurs par un goujon de fer encore en place bien qu’en partie oxydé. Les altérations visibles de la pierre sont dues aux pluies dont l’acidité provoque, au fil du temps, une dissolution du calcaire et une déformation des éléments sculptés.
Le plomb
Le plomb, plus malléable et plus résistant à la corrosion que le fer, est principalement utilisé à la cathédrale pour l’assemblage des verres des vitraux, pour la couverture (épis, closoirs et bandes étanchéifiant les faîtages, arêtiers et bordures) et pour les gouttières qui recueillent et évacuent les eaux pluviales.
Lors des restaurations, les plombs des vitraux altérés par le temps sont généralement remplacés par du plomb neuf après exécution d’un relevé du réseau par le maître-verrier. Ce matériau est également utilisé pour assembler des fragments de verre brisés. Ces plombs dits de casse viennent souvent perturber la lecture du dessin des verrières.
Il est fréquent que la fabrique de la cathédrale ait recours à la fonte de vieux plombs associée à l’achat de tables de plomb neuf pour fournir les ouvriers qui réparent la couverture. Cette pratique, qui perdure durant le XIXe siècle, explique la perte d’éléments de plomb antérieurs.