Critiques et réhabilitations
Archéologues et architectes de renom s’insurgent parfois contre des choix de restauration à la cathédrale ou, au contraire, contre l’inaction face à l’urgence de conservation.
Achille Carlier, architecte et premier Grand Prix de Rome, accuse dès 1936 l’administration et Robert Gauchery de ne pas prendre les dispositions nécessaires à la dépose des vitraux. Il exprime ses craintes dans sa correspondance puis, en juin 1937, au congrès de la Fédération des sociétés savantes du centre de la France à Nevers et dans la revue L’Action française, en novembre 1938. Il encourage son ami François Guillaume à « travaille[r] pour le bien public » en démontant les vitraux sans l’aval de l’administration !
Mais les critiques les plus acerbes sont dans le Rapport sur les travaux de restauration exécutés avant 1848 publié par Octave Roger en 1889. Elles s’en prennent au maître-verrier Thévenot et aux sculpteurs Romagnesi et Caudron. La moquerie est de rigueur pour Thévenot et son dessin du pape saint Sixte, « véritable caricature : profil de crétin, tiare en bonnet de pierrot ». Le ciment de Caudron, « substance grasse et molle (…) antipathique à la pierre » est fustigé… La diffusion du rapport, présenté comme un document officiel rédigé par Adolphe-Napoléon Didron, secrétaire du Comité historique des arts et monuments, à la demande de l’administration centrale, provoque un jugement négatif des travaux pendant de nombreuses années.
Ce n’est qu’à la lumière des recherches de Karine Boulanger et du chantier de restauration des portails de 1998-2011, que ces interventions ont été réhabilitées. Le rapport original de Didron, conservé aux Archives nationales, est bien moins virulent et la copie de 1889 est probablement un faux ! La qualité du travail de Thévenot et la pérennité du ciment font aujourd’hui l’objet d’éloges, surtout pour l’époque où « la science archéologique était à ses débuts ».