Des voûtes à la toiture

Les parties hautes de la cathédrale, voûtes, charpentes, couvertures et systèmes d’évacuation des eaux pluviales (gargouilles et chéneaux ou « caniveaux des combles »), protègent l’édifice des vents et des intempéries auxquels il est soumis.

Elles font donc l’objet d’une attention particulière et de réparations régulières depuis les premiers travaux d’entretien entrepris par André Clouet. À partir de 1849, Victor Gay et Antoine Nicolas Bailly restaurent les voûtes de chapelles latérales, de la nef et du chœur en reprenant leur maçonnerie et en les revêtant de chapes de ciment romain.

Plan et coupe d’une voûte à restaurer dans le collatéral sud du chœur avec plan de situation dressés par Victor Gay, s. d. [vers 1849]. AD du Cher, J 1964
Plan et coupe d’une voûte à restaurer dans le collatéral sud du chœur avec plan de situation dressés par Victor Gay, s. d. [vers 1849]. AD du Cher, J 1964

L’intervention la plus exceptionnelle est sans nul doute la restauration complète du grand comble de la nef et du chœur avec réfection de sa couverture et des voûtes hautes, menée de 1882 à 1883 par Antoine Nicolas Bailly et, jusqu’en 1887, par Paul Boeswillwald. Il s’agit d’une opération nécessaire, en partie causée par les pinacles et balustrade que François-Narcisse Pagot ajoute à la toiture en 1828.

L'erreur de Pagot

À partir de 1828, François-Narcisse Pagot fait rétablir les arcs-boutants des voûtes de la haute nef et construire des pinacles néo-gothiques, pareils à ceux de l’église Saint-Aignan d’Orléans, sur les culées et à la base de la grande toiture. Celle-ci se voit également dotée d’une balustrade d’abord prévue en fer et finalement édifiée en pierre, au-devant des anciens chéneaux transformés.

Si Stendhal, dans sa visite à Bourges du 21 juin 1837, applaudit « l’habile architecte de la cathédrale [qui] a restauré les arcs-boutants avec toute la grâce possible (…) [et] la balustrade en pierre dont [il ne se lasse] pas d’admirer l’élégance », les ajouts créés par Pagot, purement esthétiques, font fi des réalités archéologiques.

De surcroît, la balustrade, empêchant les eaux pluviales en surplus de se déverser sur la toiture des collatéraux, entraîne rapidement des infiltrations et le pourrissement de bois de charpente qui devront être remplacés et surhaussés.

Élévation du chevet de la cathédrale de Bourges, dressée le 16 mai 1831 par François-Narcisse Pagot. Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, 82/18/1002, 14297
Élévation du chevet de la cathédrale de Bourges, dressée le 16 mai 1831 par François-Narcisse Pagot. Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, 82/18/1002, 14297

« Les traits tracés à l’encre rouge indiquent les restaurations proposées par l’architecte du gouvernement soussigné »

Dessin des pinacles sur les culées des arcs-boutants édifiés par François-Narcisse Pagot, 1833. Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, 82/18/2003, 14300
Dessin des pinacles sur les culées des arcs-boutants édifiés par François-Narcisse Pagot, 1833. Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, 82/18/2003, 14300
Vue des arcs-boutants restaurés par François-Narcisse Pagot. AD du Cher, 36 Fi
Vue des arcs-boutants restaurés par François-Narcisse Pagot. AD du Cher, 36 Fi

Bailly fait appel à une technique brevetée en 1874 : la pose d’ardoises au crochet de cuivre. Boeswillwald prend soin de conserver le maximum de bois en place et de réemployer des bois anciens déposés même s’il se voit obligé de relever la base de la charpente et de refaire toutes les sablières.

Restauration de la charpente du chœur, élévations, coupes et plans avec détails des assemblages, dressés par Paul Boeswillwald à l’encre sur calque, le 15 mars 1883 à Paris. AD du Cher, 36 Fi 63 180
Restauration de la charpente du chœur, élévations, coupes et plans avec détails des assemblages, dressés par Paul Boeswillwald à l’encre sur calque, le 15 mars 1883 à Paris. AD du Cher, 36 Fi 63 180

Extrêmement précis, ce document présente les modifications à exécuter pour le rehaussement de la charpente : pose de sablières sur une nouvelle corniche en pierre (rose), apport de fourrures pour respecter la ligne initiale des chevrons après leur exhaussement, fixation d’étriers métalliques pour assembler les entraits relevés aux poinçons raccourcis…

Article élogieux sur les travaux de la cathédrale publié dans la Semaine religieuse du diocèse de Bourges du 29 octobre 1887. AD du Cher, 646 PER 23
Article élogieux sur les travaux de la cathédrale publié dans la Semaine religieuse du diocèse de Bourges du 29 octobre 1887. AD du Cher, 646 PER 23

Boeswillwald se consacre encore aux parties hautes dans les années 1890 avec la restauration des charpentes du pilier-butant et des collatéraux et la reprise des dallages et chéneaux des chapelles latérales. Ses dessins constituent une part importante du fonds iconographique de l’UDAP (Unité départementale de l'architecture et du patrimoine) conservé aux Archives départementales du Cher (fonds 36 Fi).

Modification de la charpente qui couvre le pilier butant, plan et coupes, bons pour exécuter, dressés par Paul Boeswillwald à l’encre et au lavis sur papier, le juillet 1887. AD du Cher, 36 Fi 63 182
Modification de la charpente qui couvre le pilier butant, plan et coupes, bons pour exécuter, dressés par Paul Boeswillwald à l’encre et au lavis sur papier, le juillet 1887. AD du Cher, 36 Fi 63 182

Après les chantiers du XIXe siècle, le XXe siècle n’est marqué que par des travaux d’entretien sur les voûtes et les toitures. Une nouvelle restauration de la couverture du grand comble s’est imposée en 2009.

Ouragans et réparations urgentes

Entre 1860 et 1880, des vents emportent des ardoises. Bailly est prié de trouver des solutions peu coûteuses avant de faire un essai de restauration sur une travée.

Lettre du 11 janvier 1860, adressée par Antoine Bailly au Préfet et accompagnant un devis de réparations à faire à cause d’« un ouragan terrible ». AD du Cher, V 104
Lettre du 11 janvier 1860, adressée par Antoine Bailly au Préfet et accompagnant un devis de réparations à faire à cause d’« un ouragan terrible ». AD du Cher, V 104
Lettre du 5 septembre 1870, adressée par Antoine Bailly au Préfet. AD du Cher, V 106
Lettre du 5 septembre 1870, adressée par Antoine Bailly au Préfet. AD du Cher, V 106

Elle concerne le premier acompte à verser à Parnajon pour les travaux de maçonnerie réalisés pour la restauration des combles et l’écoulement des eaux d’« une travée seulement ».

Partager sur