Naviguer sur le canal
Pour pouvoir circuler sur le canal, les mariniers devaient répondre à des obligations relatives à la navigation comme aux temps de halte dans les ports. Par exemple, le tirant d’eau du canal étant d’1,50 m, l’enfoncement des bateaux ne pouvait pas dépasser 1,10 m. Des règlements de navigation encadraient les techniques de halage (le halage humain est interdit par une loi de 1914) et la circulation des bateaux de nuit (interdiction due à la faible alimentation en eau du canal en 1905). Les gardes du canal veillaient au respect de ces obligations, tandis que la maréchaussée sanctionnait tout manquement. Les mariniers devaient aussi s’acquitter de diverses taxes et péages pendant leurs voyages.
Différents documents généraux étaient présentés par les mariniers : les carnets d’immatriculation et de jaugeage du bateau, leur permis de pilotage, le carnet de route mentionnant le lieu de destination des marchandises transportées, le carnet financier récapitulant les rémunérations du marinier et du propriétaire du bateau et le laissez-passer. Ce dernier était accordé par un bureau de déclaration et permettait aux mariniers de naviguer.
Le jaugeage est la détermination du déplacement du bateau en fonction de la masse transportée. Cette procédure permet de relever les différentes caractéristiques techniques du bateau et de décider de la masse maximum pouvant être chargée à bord.
Des périodes de chômage technique, interrompant la navigation sur le canal, étaient imposées du fait des aléas climatiques. La sécheresse de l'été 1876 a provoqué un chômage de 20 jours, entre le 20 août et le 9 septembre. En cas de givre ou de glace figeant les eaux durant l'hiver, les mariniers devaient attendre l’intervention des Ponts-et-Chaussées et d’un de leurs brise-glaces. Le niveau d'eau de certains biefs peut être volontairement baissé pendant un temps déterminé pour que les cantonniers puissent entretenir le canal : les bateaux sont parfois autorisés à circuler sur les parties encore suffisamment alimentées en eau pour permettre la navigation. Cependant, la décision de continuer de
transporter des marchandises sur le canal est prise par les mariniers à leurs risques et périls. D’autres évènements inattendus, tels que l’échouage de bateaux ou la chute de peupliers suite à des tempêtes, pouvaient également causer une fermeture ponctuelle. Les mariniers bloquaient parfois volontairement l’accès au canal lors de mouvements sociaux, en signe de protestation ou dans le but de revendiquer des conditions de travail plus clémentes.
Afin de préserver les ponts-levis des potentiels dommages causés par la navigation, un dispositif de protection particulier, l'estacade, a été conçu par les ingénieurs.