Un canal de l'âge industriel
Si les objectifs initiaux du canal de Berry étaient d’abord commerciaux et stratégiques, sa réalisation ne tarde pas à devenir un enjeu déterminant pour l’industrie naissante. Avant même le tournant du siècle sa construction accompagne et amplifie l’industrialisation des régions qu’il traverse.
Le Berry dispose de riches gisements de fer dans les vallées du Cher, de l’Auron et de l’Aubois, qui alimentent les forges implantées sur le cours de ces rivières. Mais la région produit peu de bois de chauffe ; le charbon, extrait du bassin houiller de Commentry à l’est de Montluçon, devient le combustible indispensable à l’alimentation des hauts-fourneaux.
Dès sa mise en eau, le canal assure ainsi l’approvisionnement et les débouchés des mines de charbon de Commentry, comme ceux des usines métallurgiques de Montluçon, de Bourges et de Vierzon.
Les avantages logistiques du canal de Berry jouent par ailleurs un rôle déterminant dans l’implantation de nouvelles usines. La demande en matériaux de construction nécessaires à l’industrie ne cesse de croître (chaux, ciment, sables kaoliniques pour la céramique, pierre de taille, verre, briques, tuiles) ; une trentaine de manufactures s’implantent sur ses rives, dans les années 1880, notamment dans les secteurs de l’Yèvre et de l’Aubois.
La jonction avec le canal de Berry est alors considérée comme incontournable, certains industriels aménagent à leurs frais leurs propres liaisons navigables, comme le canal Saint-Louis qui le relie sur 1 700 mètres aux hauts-fourneaux de Torteron.
Les témoignages des cartes postales anciennes
Des cartes postales figurant des usines et des manufactures situées en bordure du canal de Berry au début du XXe siècle sont conservées dans les fonds des Archives départementales du Cher (5 Fi, 6 Fi et 7 Fi).