Ingénieurs, ouvriers et forçats
Joseph-Michel Dutens et les autres ingénieurs en chef qui lui succèdent directement pour la construction du canal ont étudié à l’école des Ponts-et-Chaussées. Cet établissement, né en 1747, dispensait déjà au XVIIIe siècle des cours techniques théoriques mais aussi des enseignements plus pratiques de cartographie et d’hydrographie à ses élèves. Cette formation complète a permis aux ingénieurs du canal d’élaborer des stratégies pointues pour transformer le paysage.
Sous leurs ordres se trouvent, entre autres, des ingénieurs ordinaires et les individus chargés d’effectuer les travaux de terrassement de cette nouvelle voie de navigation. Ces derniers sont des terrassiers volontaires mais aussi des condamnés de droit commun, des déserteurs de l’armée impériale et des prisonniers politiques, de la campagne napoléonienne en Espagne principalement. Beaucoup de travailleurs meurent d’épuisement sur les chantiers ou sont emportés par des glissements de terrains. Par exemple, la main-d’œuvre affectée à l’exécution de la « tranchée d’Augy », longue de cinq kilomètres, s’efforce à creuser un sol particulièrement instable constitué de calcaire, d’argile, de grès et de rochers à graphites pendant neuf longues années.
Les condamnés aux travaux publics sur le canal sont entassés dans des lieux aménagés spécifiquement pour les loger (le château de Beuvron à La Perche par exemple) ou construits dans ce but (notamment à Augy-sur-l’Aubois et à Drevant). Les prisonniers qui parviennent à survivre à leurs difficiles conditions de travail sont exposés aux rixes et à l’hygiène déplorable de ces camps. En effet, bien qu’un infirmier soit présent, le taux de mortalité dû à la dysenterie et aux épidémies de typhus et de choléra y est très élevé. Une fois les travaux de construction terminés, certains condamnés encore en vie sont graciés et libérés.
Le camp des prisonniers de Drevant pouvait accueillir jusqu’à 500 travailleurs. Détruit entre 1827 et la fin de la construction du canal, il n'en reste aujourd’hui que peu de traces.
Dans les années 1830, le conservateur des monuments du Cher, François Alexandre Hazé, a mené des fouilles archéologiques à Drevant. Il a notamment mis à jour les vestiges d’un fanum gallo-romain à l’endroit où avaient été élevés les baraquements des condamnés aux travaux du canal quelques années auparavant.
Des document produits par les ingénieurs
Les ingénieurs dressent les plans des ouvrages d'art et des instruments ou engins utiles aux entrepreneurs du chantier. Ils étudient aussi minutieusement le terrain et maîtrisent la géodésie c'est-à-dire la science qui s'intéresse à la forme et à la mesure des dimensions de la terre.
À propos des ouvriers et des forçats
L'affiche de l'adjudication au rabais (l'entreprise qui propose la réduction de prix la plus attractive remporte les enchères) met notamment en avant le confort rudimentaire dont bénéficient les condamnés qui travaillent à la construction du canal.