Les maisons éclusières

Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, les ingénieurs des canaux développent une typologie architecturale spécifique pour les maisons éclusières, utilisant les matériaux locaux et suivant un plan rectangulaire simple, répété à l’identique près de chaque écluse.

Par souci d’économie, le projet de Joseph-Michel Dutens pour le canal de Berry, retenu en 1823, s’inspire des maisons ouvrières. Construites sur la rive gauche, leur pignon principal en vis-à-vis du sas d’écluse, les maisons sont initialement constituées d’un volume unique de 45 m2 de superficie, divisé en trois niveaux desservis par un escalier de bois en vis logé dans un angle : un cellier et un couloir voûté dans le soubassement disposé contre le talus de la levée du canal, une chambre avec cheminée et petit cabinet au rez-de-chaussée donnant sur le chemin de halage, un grenier dans les combles.

Plans et coupes d’une maison d’éclusier type, dressés par Michel-Edmé Dutens, ingénieur en chef de la 2e division, le 5 mai 1826. AD du Cher, DDE 89.
Plans et coupes d’une maison d’éclusier type, dressés par Michel-Edmé Dutens, ingénieur en chef de la 2e division, le 5 mai 1826. AD du Cher, DDE 89.
Plans et coupes de la maison de Pelvesin, présentés par Auniet, ingénieur en chef de la 1ère division du canal, le 30 avril 1828, et approuvés par l’ingénieur en chef directeur du canal, Vauvilliers, le 10 mai. AD du Cher, 3 S 864 Bis 1.
Plans et coupes de la maison de Pelvesin, présentés par Auniet, ingénieur en chef de la 1ère division du canal, le 30 avril 1828, et approuvés par l’ingénieur en chef directeur du canal, Vauvilliers, le 10 mai. AD du Cher, 3 S 864 Bis 1.
Plans et coupes d’une maison de pontonnier à Drevant, dessinés par Bailloud, ingénieur ordinaire. AD du Cher, DDE 63.
Plans et coupes d’une maison de pontonnier à Drevant, dessinés par Bailloud, ingénieur ordinaire. AD du Cher, DDE 63.

Dans les années 1820, les ingénieurs en chef des 1re et 2e divisions du canal, respectivement Pierre Auniet et Michel-Edmé Dutens, s’approprient le plan type pour dessiner les maisons éclusières dont ils ont la charge, en tenant compte des différents terrains d’implantation pour concevoir les fondations. Les ingénieurs étudient aussi la transformation de bâtiments préexistants le long du canal comme lorsque Camille Bailloud, ingénieur ordinaire, propose de remanier une grange de Drevant, appartenant à l’État, pour en faire une maison de pontonnier (militaire spécialisé dans la construction des ponts), très proche du plan type des maisons éclusières (les parties grisées, en place, sont à conserver, celles en rose sont à construire et celles en jaune sont à démolir pour créer des ouvertures).

La maison éclusière de Verneuil, façade sur canal. DADP18, F. Lauginie.
La maison éclusière de Verneuil, façade sur canal. DADP18, F. Lauginie.
La maison éclusière de Verneuil, façade sud avec écluse. DADP18, F. Lauginie.
La maison éclusière de Verneuil, façade sud avec écluse. DADP18, F. Lauginie.

La maison éclusière de Verneuil fait partie des 32 maisons éclusières entre Bourges et Rhimbé du projet dessiné par Joseph-Michel Dutens en 1823, est encore très lisible aujourd’hui avec son agrandissement du début du XXe siècle et son abri.

À la fin du XIXe siècle, certaines maisons sont augmentées d’un bureau de statistique ou de déclaration, comme celles de Reussy à Mehun-sur-Yèvre ou de La Queune à Épineuil-le-Fleuriel, et leurs combles sont aménagés en mansarde. Puis, vers 1906, de petits abris indépendants sont parfois élevés pour renfermer le registre du passage des bateaux et éviter aux mariniers de pénétrer à l’intérieur des logements. Enfin, au cours du premier tiers du XXe siècle, les maisons sont généralement agrandies de deux pièces supplémentaires sous un appentis, une chambre et une cuisine, pour permettre l’accueil plus confortable d’une famille de 5 à 6 personnes. Avec le déclassement du canal, elles sont réinvesties par les agents des Ponts-et-Chaussées du Cher avant d’être vendues.

Coupes des mansardes à faire entre Saint-Amand et Fontblisse, réalisées par Antoine, le 19 février 1883, sous la direction de l’ingénieur en chef de Lafont. AD du Cher, DDE 89.
Coupes des mansardes à faire entre Saint-Amand et Fontblisse, réalisées par Antoine, le 19 février 1883, sous la direction de l’ingénieur en chef de Lafont. AD du Cher, DDE 89.

La maison de La Queune (Épineuil-le-Fleuriel) présente en façade les plaques de la maison (nom et distance) et du bureau de statistique dessiné par Antoine en 1883.

La maison de Reussy (Mehun-sur-Yèvre) se voit doter d’un bureau de statistique en 1884 et est transformée en 1927 selon les plans de Georges Danos, ingénieur ordinaire.

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