Les 97 écluses
L’ouvrage majeur ou le dispositif technique essentiel d’un canal est sans nul doute l’écluse qui permet le franchissement des dénivellations naturelles le long de son tracé, d’un bief inférieur à un bief supérieur. L’écluse est composée d’un sas fermé par deux portes, en amont et en aval, munies de vannes ou de vantelles dans leur partie basse. Celles-ci, actionnées par des crics de crémaillère, servent à remplir ou à vider le sas pour faire monter ou descendre le bateau s’y trouvant.
En 1819, après la construction des dix premières écluses depuis Montluçon, l’ingénieur Joseph-Michel Dutens réduit les dimensions des sas, les faisant passer de 34 à 27,75 m de long et de 4 à 2,70 m de large, pour limiter au maximum l'apport en eau. Les portes à deux vantaux sont alors remplacées par des portes à vantail unique attaché par un collier à un axe, la crapaudine, pour une ouverture complète jusqu’à l’enclave.
Dans leur composition, les ingénieurs intégrent le métal de manière croissante (pour les renforts contrecarrant les déformations des vantaux de bois, les mécanismes de manœuvre comme le levier en bois remplacé par une béquille en fer, les vantelles, etc.) jusqu’à concevoir des portes entièrement en fonte, à partir de 1831, en utilisant le système Acollas. Mais l’entretien et la durée de vie de ces dernières n’étant pas satisfaisants, elles sont rapidement remplacées par de nouvelles portes en bois !
Les portes à deux vantaux
La Métairie Basse (Allier) fait partie des dix premières écluses construites avant la réduction de la largeur des sas par Joseph-Michel Dutens. Elle possédait des portes à deux ventaux qui, fermés, formaient un angle pour mieux résister à la pression de l’eau. C’est cet angle qui donne aux portes le qualificatif « busquées ». L’ingénieur qui réalise son dessin a pris le soin de représenter tous les détails comme les renforts métalliques et la vanne. Les petits plans disposés en bas de la feuille de papier, de chaque côté des élévations, montrent comment le ventail peut s’ouvrir jusqu’à son enclave ménagée dans la maçonnerie du bajoyer et comment la béquille s’attache au ventail pour le manœuvrer.
Un dessin d’Hyppolite d’Haranguier de Quincerot, ingénieur en chef directeur du canal de Berry, utilise le modèle « par brevet d’invention » de N. Acollas, autre ingénieur qui a donné son nom au système des portes d’écluse en fonte. Ce dernier a d’ailleurs certifié conforme le document le 21 mai 1831. Les portes en fonte permettent de doubler voire de tripler les hauteurs de franchissement des portes en bois.
Les portes à vantail unique
La porte d'amont de Chevigny possède encore sur le dessin de 1882 un épais balancier en bois du même type que celui photographié à l’écluse de Saint-Denis-de-Palin pour une carte postale éditée par Eugène Maquaire. Nombre de calques présentent les éléments métalliques de manière très détaillée : ici un collier, une vanne à fourchette et une béquille-type composée d’une poignée de bois et de trois partie en fer dont seule la partie centrale est en fer creux. Bien plus légère que le balancier, la béquille est rapidement choisie pour permettre aux femmes d'actionner les portes.
Les sas en terre, sujets aux infiltrations, sont progressivement substitués par des sas à bajoyers maçonnés (murs latéraux).
Les manœuvres nécessaires au passage d’une écluse sont pratiquées par les éclusiers ou éclusières qui logent sur site, dans des maisons dites éclusières.