Le temps du déclin
Au début du XXe siècle, avec près de 3 000 péniches par an, le trafic sur le canal est à son apogée. Il amorce paradoxalement son déclin dans les années qui suivent, et ce pour plusieurs raisons : fin des houillères de Commentry et de la sidérurgie lourde dans la région, concurrence croissante du chemin de fer, gabarit trop limité des bateaux berrichons devenus obsolètes face à un nouveau mode d’affrètement…
Évolution du tonnage transporté sur le canal de Berry entre 1890 et 1951. On constate que le volume du fret transporté a été divisé par 10 en 50 ans.
Dans les années 1930, au regard de la faiblesse du trafic dans la branche ouest du canal et les dépenses qu’occasionnent son entretien, on commence à évoquer la question de son déclassement ; les inondations records du printemps 1940 mettent également à mal les infrastructures dans ce secteur.
Sous l’Occupation, le canal est coupé par la ligne de démarcation sur chacune de ses branches : à Saint-Just et à La Guerche-sur-l’Aubois. Le passage des mariniers et de leurs marchandises s’en trouve fortement perturbé. Entre 1938 et 1949, le tonnage transporté est divisé par cinq, la section Noyers-sur-Cher-Fontblisse, de plus en plus délaissée, ne reçoit qu’un ou deux bateaux par mois.
Après la guerre, au-delà de la baisse de son activité économique et commerciale, le constat est dressé d’un canal aux ouvrages vieillissant, d’un gabarit insuffisant pour la plupart des bateaux automoteurs modernes et dont les problèmes d’alimentation en eau continuent à se poser. Seule une centaine de péniches berrichonnes utilisent encore le canal en 1945.
Plusieurs années de débats, souvent passionnés, mobilisent alors représentants de l’État et acteurs locaux sur un élargissement au gabarit Freycinet, un déclassement partiel ou total du canal. C’est finalement cette dernière option qui est choisie le 3 janvier 1955.
L’apparition du chemin de fer suit de près la mise en place du canal (ligne Bourges-Nevers en 1849-1850, ligne Montluçon-Bourges en 1861, et Vierzon-Tours huit ans plus tard). Les voies ferrées sont souvent construites le long des cours d’eau et des canaux, utilisant les fonds de vallées et desservant également les usines.
Si le transport par voie d’eau reste un temps moins cher (ce qui lui permet de rester concurrentiel pour certaines marchandises comme les pondéreux), le train ne tarde pas à démontrer sa supériorité dans tous les domaines : vitesse, fréquence, commodité du transbordement, densité d’un réseau en pleine croissance. Sans compter que les industries sidérurgiques et charbonnières, pourtant promotrices initiales du canal, ont tout à gagner à soutenir le développement du marché ferroviaire…