Le pont-canal de La Tranchasse
Pour traverser le Cher, les ingénieurs proposent d’abord de construire un barrage ou un chenal dans la rivière avec deux écluses d’entrée de part et d’autre. Ces projets, jugés inadaptés face aux risques d’ensablements en été et de crues en hiver, sont abandonnés en 1827, au profit de l’établissement d’un ambitieux pont-canal de 8 arches et de 96 m de long dont les matériaux locaux (pierre et sable) permettent de réduire les coûts du chantier.
Lorsque l’ordonnance du roi du 22 décembre 1819 impose l’ouverture d’une ligne de navigation sur la rive droite du Cher jusqu’à Bourges et Vierzon, alors que le canal primitif avait été construit sur la rive gauche à partir de Montluçon, la question de la traversée du fleuve se pose. L’idée du pont-canal succéde à d’autres projets, celui de la construction d’un barrage dans le Cher puis celui de l’utilisation naturelle du lit de la rivière en établissant deux écluses d’entrée, l’une près de la côte de La Tranchasse et l’autre au bord de la plaine de Pelvesin, à 1,50 m en contrebas de l’étiage.
Les images 3D, réalisées par Hadiya Ba, Florian Brenon, Mehdi Karoui et Lucie Warin, élèves ingénieurs en Génie civil et géo-environnement, sous la direction de Laurent Josserand, maître de conférences et directeur des études de Polytech’Orléans de l'École d’ingénieurs de l’Université d’Orléans, proposent une reconstitution du premier pont-canal de La Tranchasse selon les plans des ingénieurs de 1827-1828 conservés aux Archives départementales du Cher et avant les transformations opérées dès 1844.
Élevé entre 1829 et 1834, l’ouvrage connaît des dégradations dès 1837 à cause des gelés. Puis ce sont des problèmes d’étanchéité qui demandent la reprise des travaux : enduit de bitume en 1844, pose de feuilles de plomb en 1872 et briquetage et platelage en 1907.
La largeur de la cuvette du pont, de seulement 2,70 m à l’origine, est portée à 5,50 m en 1872 pour permettre le croisement de deux bateaux. Les piles sont alors surélevées pour supporter de nouveaux arcs accolés aux premiers. Mais une malfaçon lors de ces ajouts entraîne en 1878 la désolidarisation de la tête d’aval du reste du pont sur 80 m de longueur. Des renforts métalliques sont posés pour sceller l’ensemble : des cercles de fer autour des piles et des tirants à ancres en fonte dans les murs de la cuvette.