Les moulages
Outre les dessins, les sculpteurs réalisent parfois des moulages d’éléments à restaurer qui leur servent de modèles fidèles en trois dimensions. Barthélemy Juillien et ses successeurs font appel à Caudron, Dumoutet et Villatte qui pratiquent cette technique. Celle-ci consiste à estamper à la terre les pierres sculptées, protégées par une couche de savon, de graisse ou de cendre, puis de couler dans le creux du plâtre mêlé à de la filasse. D’après le baron Auguste-Théodore de Girardot qui guide les restaurations, Théophile Caudron va jusqu’à verser dans les plâtres le ciment « qu’il adapt[e] sur la partie à restaurer au moyen de goujons en fer ».
En 1882, année d’ouverture du musée de Sculpture comparée, au Tocadéro, aujourd’hui musée des Monuments français, créé selon le souhait d’Eugène Viollet-le-Duc de valoriser la sculpture médiévale au sein de l’enseignement des beaux-arts, des moulages sont exécutés pour la collection de cet établissement.
Les deux moulages de Noé construisant l'arche et de Noé faisant rentrer les animaux dans l’arche datent plus vraisemblablement de 1882, année durant laquelle les deux séries de moulages sont réalisées pour le palais des beaux-arts de Paris et pour le musée de Sculpture comparée du Trocadéro. Il faudrait plutôt les attribuer au père de Charles Édouard Pouzadoux (1860-1940), Jean Pouzadoux (1829-1893), premier concessionnaire de l’atelier de moulage du musée de Sculpture comparée et praticien reconnu qui a travaillé sur les chantiers de restauration des cathédrales dirigés par Eugène Viollet-le-Duc, Jean-Baptiste Lassus ou Émile Boeswillwald.
Comme l’ensemble des moulages du Trocadéro, ils ont sûrement servi de support aux cours « Chaillot » destinés à former les architectes qui interviennent sur les monuments historiques.
Le moulage de Noé et sa famille rentrant dans l’arche provient de la collection de l’École des beaux-arts de Paris. Il a rejoint le musée de Sculpture comparée du Trocadero en 1903. Il correspond donc, très vraisemblablement, à l’un des premiers moulages réalisés sous la direction du sculpteur italien Pelligrini en 1882, destinés au Trocadero mais finalement conservés par le palais des beaux-arts de Paris.