Les dépôts lapidaires

Dépôt lapidaire de l’église basse. DADP 18, F. Lauginie
Dépôt lapidaire de l’église basse. DADP 18, F. Lauginie

Cette partie contient les statues de la tour nord déposées en 1969 (vues de dos) et les figures des voussures du portail central de la façade occidentale, retirées entre 1833 et 1836 par Narcisse Romagnesi

Détail du dépôt lapidaire du pilier butant. DADP 18, F. Lauginie
Détail du dépôt lapidaire du pilier butant. DADP 18, F. Lauginie
Tête de roi, 2e quart du XIIIe siècle, provenant de la voussure externe du portail central, musées de Bourges, inv. 1883.71.114. Ph. Bardelot
Tête de roi, 2e quart du XIIIe siècle, provenant de la voussure externe du portail central, musées de Bourges, inv. 1883.71.114. Ph. Bardelot

Les dépôts lapidaires de la cathédrale sont répartis dans l’église basse, le calorifère, le pilier butant et la tour nord mais aussi dans les musées de Bourges et au palais Jacques Cœur où était installée l’agence des ABF. Constitués à partir du XIXe siècle, ils conservent des pierres sculptées ou non, entières ou fragmentaires, provenant principalement de restaurations. En effet, suivant Eugène Viollet-le-Duc, les architectes ont pris l’habitude de remplacer par des copies les éléments altérés et de les réunir dans des dépôts destinés à former des collections de référence sur l’édifice et des modèles pour les restaurateurs. Hélas, les pierres n’ont pas toujours été identifiées lors de leur dépose, ce qui empêche parfois de restituer leur emplacement d’origine. Ainsi, si Philippe Bardelot, conservateur des antiquités et objets d’art du Cher, a rigoureusement inventorié une grande partie des dépôts de la cathédrale dans les années 2000, la provenance des œuvres reste en partie à établir.

Lithographies présentant l’église basse sous la Monarchie de Juillet, dessinées par François-Alexandre Hazé. AD du Cher, 4 Fi Bourges B 32 et 33
Lithographies présentant l’église basse sous la Monarchie de Juillet, dessinées par François-Alexandre Hazé. AD du Cher, 4 Fi Bourges B 32 et 33

Quelques sculptures déposées, dont une figure de voussure, s’appuient contre le mur du déambulatoire.

Article de l’État général des travaux exécutés par Jean-Charles Goyer entre 1840 et 1847, dressé par Barthélemy Juillien le 20 décembre 1849. AD du Cher, J 210
Article de l’État général des travaux exécutés par Jean-Charles Goyer entre 1840 et 1847, dressé par Barthélemy Juillien le 20 décembre 1849. AD du Cher, J 210

Barthélemy Juillien supervise la « descente » et la « montée » des anciennes figures des portails dans l’église basse, appelée église souterraine, lors des restaurations de 1845.

Gargouille à corps d’animal reptilien provenant de la cathédrale de Bourges, pierre calcaire, XIIIe siècle [?]. Dépôt lapidaire du pilier butant, LA 0200, propriété de l’État. DADP 18
Gargouille à corps d’animal reptilien provenant de la cathédrale de Bourges, pierre calcaire, XIIIe siècle [?]. Dépôt lapidaire du pilier butant, LA 0200, propriété de l’État. DADP 18
Projet de gargouilles sous la balustrade du grand comble, élévation avec profils et coupes des moulures, encre et crayon sur papier, s. d. AD du Cher, 36 Fi 63 309
Projet de gargouilles sous la balustrade du grand comble, élévation avec profils et coupes des moulures, encre et crayon sur papier, s. d. AD du Cher, 36 Fi 63 309

Ce dessin peut avoir été produit par Barthélemy Juillien et François-Narcisse Pagot avant la construction de la balustrade ou par Antoine Nicolas Bailly et Paul Boeswillwald lorsqu’un problème d’évacuation des eaux pluviales entraîna la réfection partielle de la charpente. Les gargouilles n’ont jamais existé à cet emplacement. Le dessin s’inspire des exemples de la façade occidentale d'où provient la gargouille déposée.

Les figures de voussure
Figure de diacre provenant de la voussure du portail central de la cathédrale de Bourges, pierre calcaire, vers 1235-1250. Dépôt lapidaire de l’église basse, LA 0018, propriété de l’État.
Figure de diacre provenant de la voussure du portail central de la cathédrale de Bourges, pierre calcaire, vers 1235-1250. Dépôt lapidaire de l’église basse, LA 0018, propriété de l’État.

Figure avant restauration. E. Sédille.

Figure après restauration. DADP 18

Cette figure en haut-relief fait partie d’un ensemble de 14 éléments de voussure déposés et remplacés par Narcisse Romagnesi entre 1833 et 1836, lors de la restauration du portail du Jugement dernier de la façade occidentale, dirigée par François-Narcisse Pagot. La sculpture a d’abord rejoint le musée du Berry de Bourges (numéro d’inventaire gravé au dos) avant de revenir à la cathédrale, dans le dépôt lapidaire de l’église basse. Son nettoyage par sablage et son analyse à la loupe binoculaire, dans le cadre de l’exposition, ont permis de retrouver des traces de polychromie (notamment du vert pour la tunique) et de repérer une couche graisseuse, distincte des couches d’encrassement supérieures. La présence de celle-ci, peut-être du savon noir, indiquerait qu’un moulage de la figure a été réalisé au moment de la dépose.

Détails des traces de polychromie. DADP 18
Détails des traces de polychromie. DADP 18
Dessins de figures de voussure du portail central de la cathédrale de Bourges, côté gauche, s. d. Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, 82/18/2003, 37290 (2)
Dessins de figures de voussure du portail central de la cathédrale de Bourges, côté gauche, s. d. Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, 82/18/2003, 37290 (2)
Dessins de figures de voussure du portail central de la cathédrale de Bourges, côté droit, s. d. Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, 82/18/2003, 37286
Dessins de figures de voussure du portail central de la cathédrale de Bourges, côté droit, s. d. Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, 82/18/2003, 37286

Ces dessins au crayon sont accompagnés de notes indiquant les emplacements des sculptures, les couleurs du décor peint perçues par l’artiste ou l’état de dégradation de certaines figures qui, à plusieurs reprises, sont trop cassées pour être reproduites. On reconnaît la figure de voussure (figure 7 du 2e rang de droite) avec du vert pour la tunique et du bleu pour le trône.

Les dessins ont visiblement fait partie d’un carnet dont les doubles pages ont été extraites et mises à plat. Ils sont très proches de ceux des carnets de la Bibliothèque municipale de Bourges (Ms 678 1 et 2) et sont vraisemblablement de la même main.

Plan et élévation du portail central de la façade occidentale de la cathédrale de Bourges, encre sur papier, 1833. Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, 82/18/1002, 14299
Plan et élévation du portail central de la façade occidentale de la cathédrale de Bourges, encre sur papier, 1833. Ministère de la Culture (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, 82/18/1002, 14299
Coupe du portail central de la cathédrale de Bourges, dressée par François-Narcisse Pagot à l’encre et lavis sur calque, le 18 décembre 1841 à Bourges. AN, F 19 7658, plan 1
Coupe du portail central de la cathédrale de Bourges, dressée par François-Narcisse Pagot à l’encre et lavis sur calque, le 18 décembre 1841 à Bourges. AN, F 19 7658, plan 1

Sur la coupe, François-Narcisse Pagot a pris soin de détailler les premières figures des rouleaux de la voussure, côté gauche, les différents feuillages sculptés sur les guirlandes intermédiaires et le décor architecturé des dais qui couronnent les niches des ébrasements au-dessous des rouleaux de voussure. Un croquis et une note précisent que les figures sont constituées d’une seule assise de pierre (assise A) comme les guirlande de feuillage (assise B). Toutefois, dans les premier et deuxième rangs de figure, les « deux assises A et B n’en forment qu’une aujourd’hui ». Cette modification est due à l’intervention de Narcisse Romagnesi. François-Narcisse Pagot, dans le rapport au préfet que joint le dessin, justifie ainsi son choix :

« Suivant le croquis ci-joint, la voûte de ce portail est ornée de six rangs de figures séparés chacun par une riche guirlande, chaque rang de figures était formé d’une assise en pierre ayant au plus que cinq centimètres sur leur lit de dessus. La guirlande se composait également d’une assise de 20 centimètres d’épaisseur et le peu d’épaisseur a été la cause de leur destruction. Les eaux pénétrant dans des joints, les pierres se sont exfoliées par les gelées et cinquante-quatre figures avaient en partie été détruites ; seize ont pu être réparées et replacées au troisième rang. Lors de la reconstruction de ce portail, j’ai exigé que l’épaisseur des voussoirs qui formaient l’arcade de ce portail comprendrait à la fois et l’épaisseur d’une figure et d’une guirlande, ce qui doublerait la surface des lits et assurerait une longue durée à cette construction. J’avais examiné s’il serait possible de replacer les figures qui existent dans l’église souterraine mais j’ai reconnu que le vice de construction qui avait occasionné la destruction des deux premiers rangs de figures se reproduiraient et, avec plus de gravité, par les scellements des crampons dans l’assise de la guirlande au-dessus » (AN, F 19 7658, dossier 3).

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