Les dépôts lapidaires
Cette partie contient les statues de la tour nord déposées en 1969 (vues de dos) et les figures des voussures du portail central de la façade occidentale, retirées entre 1833 et 1836 par Narcisse Romagnesi.
Les dépôts lapidaires de la cathédrale sont répartis dans l’église basse, le calorifère, le pilier butant et la tour nord mais aussi dans les musées de Bourges et au palais Jacques Cœur où était installée l’agence des ABF. Constitués à partir du XIXe siècle, ils conservent des pierres sculptées ou non, entières ou fragmentaires, provenant principalement de restaurations. En effet, suivant Eugène Viollet-le-Duc, les architectes ont pris l’habitude de remplacer par des copies les éléments altérés et de les réunir dans des dépôts destinés à former des collections de référence sur l’édifice et des modèles pour les restaurateurs. Hélas, les pierres n’ont pas toujours été identifiées lors de leur dépose, ce qui empêche parfois de restituer leur emplacement d’origine. Ainsi, si Philippe Bardelot, conservateur des antiquités et objets d’art du Cher, a rigoureusement inventorié une grande partie des dépôts de la cathédrale dans les années 2000, la provenance des œuvres reste en partie à établir.
Barthélemy Juillien supervise la « descente » et la « montée » des anciennes figures des portails dans l’église basse, appelée église souterraine, lors des restaurations de 1845.
Ce dessin peut avoir été produit par Barthélemy Juillien et François-Narcisse Pagot avant la construction de la balustrade ou par Antoine Nicolas Bailly et Paul Boeswillwald lorsqu’un problème d’évacuation des eaux pluviales entraîna la réfection partielle de la charpente. Les gargouilles n’ont jamais existé à cet emplacement. Le dessin s’inspire des exemples de la façade occidentale d'où provient la gargouille déposée.
Cette figure en haut-relief fait partie d’un ensemble de 14 éléments de voussure déposés et remplacés par Narcisse Romagnesi entre 1833 et 1836, lors de la restauration du portail du Jugement dernier de la façade occidentale, dirigée par François-Narcisse Pagot. La sculpture a d’abord rejoint le musée du Berry de Bourges (numéro d’inventaire gravé au dos) avant de revenir à la cathédrale, dans le dépôt lapidaire de l’église basse. Son nettoyage par sablage et son analyse à la loupe binoculaire, dans le cadre de l’exposition, ont permis de retrouver des traces de polychromie (notamment du vert pour la tunique) et de repérer une couche graisseuse, distincte des couches d’encrassement supérieures. La présence de celle-ci, peut-être du savon noir, indiquerait qu’un moulage de la figure a été réalisé au moment de la dépose.
Ces dessins au crayon sont accompagnés de notes indiquant les emplacements des sculptures, les couleurs du décor peint perçues par l’artiste ou l’état de dégradation de certaines figures qui, à plusieurs reprises, sont trop cassées pour être reproduites. On reconnaît la figure de voussure (figure 7 du 2e rang de droite) avec du vert pour la tunique et du bleu pour le trône.
Les dessins ont visiblement fait partie d’un carnet dont les doubles pages ont été extraites et mises à plat. Ils sont très proches de ceux des carnets de la Bibliothèque municipale de Bourges (Ms 678 1 et 2) et sont vraisemblablement de la même main.
Sur la coupe, François-Narcisse Pagot a pris soin de détailler les premières figures des rouleaux de la voussure, côté gauche, les différents feuillages sculptés sur les guirlandes intermédiaires et le décor architecturé des dais qui couronnent les niches des ébrasements au-dessous des rouleaux de voussure. Un croquis et une note précisent que les figures sont constituées d’une seule assise de pierre (assise A) comme les guirlande de feuillage (assise B). Toutefois, dans les premier et deuxième rangs de figure, les « deux assises A et B n’en forment qu’une aujourd’hui ». Cette modification est due à l’intervention de Narcisse Romagnesi. François-Narcisse Pagot, dans le rapport au préfet que joint le dessin, justifie ainsi son choix :
« Suivant le croquis ci-joint, la voûte de ce portail est ornée de six rangs de figures séparés chacun par une riche guirlande, chaque rang de figures était formé d’une assise en pierre ayant au plus que cinq centimètres sur leur lit de dessus. La guirlande se composait également d’une assise de 20 centimètres d’épaisseur et le peu d’épaisseur a été la cause de leur destruction. Les eaux pénétrant dans des joints, les pierres se sont exfoliées par les gelées et cinquante-quatre figures avaient en partie été détruites ; seize ont pu être réparées et replacées au troisième rang. Lors de la reconstruction de ce portail, j’ai exigé que l’épaisseur des voussoirs qui formaient l’arcade de ce portail comprendrait à la fois et l’épaisseur d’une figure et d’une guirlande, ce qui doublerait la surface des lits et assurerait une longue durée à cette construction. J’avais examiné s’il serait possible de replacer les figures qui existent dans l’église souterraine mais j’ai reconnu que le vice de construction qui avait occasionné la destruction des deux premiers rangs de figures se reproduiraient et, avec plus de gravité, par les scellements des crampons dans l’assise de la guirlande au-dessus » (AN, F 19 7658, dossier 3).