Premiers coups de pioche
Les premiers terrassements sont lancés dès 1809 en aval de Montluçon, mais les travaux commencent véritablement en 1811. Le suivi des travaux est assuré en direct par l’administration des Ponts-et-Chaussées ou sur projets adjugés à des entrepreneurs privés. Des centaines de terrassiers sont recrutés pour creuser et ériger deux levées de terre par des échafaudages, pour détourner par sept fois le Cher de son lit. Dans certains secteurs, comme celui d’Augy, l’entreprise s’avère titanesque, les conditions de vie et de travail sur le chantier sont particulièrement difficiles.
Après la décision prise de modifier le tracé initial pour faire passer le canal par Bourges, de nouvelles études sont entreprises par l’ingénieur Dutens en 1817, le tracé définitif est fixé par ordonnance royale deux ans plus tard.
Mais les travaux sont lents, les coûts de construction ne cessent d’augmenter et l’alimentation en eau du canal pose problème, notamment dans le secteur de Sancoins. Pour surmonter ces difficultés, Dutens prend alors la décision de réduire le gabarit du canal. Les écluses se limiteront à 2,70 m de largeur. Il s’inspire pour cela des « narrows canals » britanniques, objets d’un voyage d’étude qu’il effectue en 1818 ; ces canaux étroits assurent les liaisons avec de plus grandes voies navigables, qui sillonnent sur plus de 6 000 kilomètres une Grande-Bretagne alors en pleine révolution industrielle.
Les bateaux utilisés sur ces canaux de liaisons sont moitié moins grands et peuvent naviguer deux par deux sur les grands canaux. Gains de temps et de coûts de construction, réduction des besoins en eau… ce choix original et pragmatique de Dutens ne fait pourtant pas l’unanimité. L’ingénieur Eugène Flachat qui, mandaté par la Compagnie des Quatre Canaux, remet à celle-ci un rapport sur le canal en 1842 critique sévèrement les options prises par Dutens, notamment celle de son gabarit. Seuls deux autres canaux en France seront construits sur ce modèle : celui de la Sauldre et celui de la Rigole d'Arroux, en Bourgogne.