Le projet de Dutens
Bien que les différents projets du XVIIIe siècle aient finalement été abandonnés, Napoléon Bonaparte, devenu empereur des Français en 1804, a pour ambition de faire du pays un modèle de réussite dans une Europe qui commence à s’industrialiser. Souhaitant intégrer la France dans le projet de développement d’un réseau européen de navigation, il rend un décret relatif à l’ouverture à la navigation du Cher le 16 novembre 1807. Ce dernier acte l’aménagement de cette rivière pour permettre aux mariniers de rejoindre Paris par la Loire et les canaux de Briare et du Loing.
L’ingénieur en chef Joseph-Michel Dutens est chargé de donner vie à ce projet. Dans son mémoire de février 1809, il soumet deux options différentes : l’aménagement du Cher en tant que tel entre Montluçon et Vierzon et la construction d’un canal latéral à cette rivière qui rejoindrait ces deux mêmes villes. Prenant en considération les fortes crues qui impactent fréquemment les rivières du Berry ainsi que les arrêts de navigation obligatoires pendant les épisodes de sécheresse, Dutens privilégie finalement la construction d’un canal latéral au Cher.
Si les travaux sont lancés la même année, le conseil général du Cher émet des réserves sur le tracé du canal. Il propose finalement la somme de 500 000 francs en septembre 1810 pour que celui-ci traverse également la ville de Bourges. À la suite d’un décret impérial pris le 24 février 1811, Dutens se remet au travail pour étudier la pertinence d’un nouveau tracé passant par Bourges et atteignant Nevers par la Loire. Une partie du plan qu’il envisage cette année-là sera réutilisée pour déterminer le tracé définitif du canal, adopté en 1819.
Dutens propose en 1811 que le canal débute à Vierzon où il rejoint le Cher, passe par les vallées de l'Auron et de l'Yèvre et franchisse Bourges avant de rallier Bannegon. Une autre branche du canal partirait alors de Montluçon, passerait par Saint-Amand-Montrond, sortirait de la vallée du Cher et remonterait vers Sancoins en traversant Bannegon, avant de rejoindre la confluence de la Loire et de l'Allier au Bec d'Allier.
Si le canal a initialement été appelé le « canal du Cher » lorsqu’il était encore uniquement envisagé comme un canal latéral à cette rivière, une ordonnance royale du 9 décembre 1814 lui a ensuite donné le nom de « canal du duc de Berry ». Cette dénomination a été choisie à la gloire du « duc de Berry » Charles-Ferdinand d’Artois, fils du futur Charles X et prince héritier, assassiné à son retour d’exil le 13 février 1820. Finalement, le canal devient le « canal de Berry » en 1830 sur suggestion de l’ingénieur en chef Hippolyte d’Haranguier de Quincerot.