Tout commence à Montoire
Le jeudi 24 octobre 1940, le maréchal Pétain, chef de l'État français, rencontre Hitler à Montoire-sur-le-Loir, commune du Loir-et-Cher située à l'ouest de Vendôme.
A l'issue de cette rencontre, il s'adresse aux Français le 30 octobre lors d'un discours radiodiffusé : «Français, J'ai rencontré, jeudi dernier, le chancelier du Reich. Cette rencontre a suscité des espérances et provoqué des inquiétudes. [...] Une collaboration a été envisagée entre nos deux pays. J'en ai accepté le principe. [...] C'est dans l'honneur [...] que j'entre aujourd'hui dans la voie de la collaboration. [...] Cette collaboration doit être sincère. [...].
Par ce discours, il engage la France bien au-delà de la simple collaboration administrative évoquée à l'article 3 de la convention d'armistice. Le gouvernement de Vichy va donc mener une collaboration engagée avant de devenir complice du régime nazi, notamment dans la déportation des juifs de France.
Une minorité de Français (Français libres à l'extérieur, Résistants à l'intérieur) refuse pourtant tout compromis avec l'envahisseur et ne songe qu'à libérer la France. Mais la majorité de la population adopte une attitude plus résignée et s'accorde des nécessités du moment. Certains, une autre minorité, de par leurs convictions politiques ou par simple vénalité, mènent une collaboration active, ce sont ceux que les historiens nomment les collaborationnistes.
Les dossiers de la cour de justice et des chambres civiques donnent ainsi un aperçu de toutes les formes de collaboration qui ont coexisté. Les documents qui suivent en donnent une illustration partielle.