(Louis Bedu et son chien Pataud).
- Une belle histoire d'amitié
Lorsque la guerre éclate en 1914, Louis Bedu est maréchal des logis chef à la 43e batterie du 37e RAC (régiment d'artillerie de campagne) de Bourges.
Son petit fils, Thierry Fandard, se souvient que son grand-père évoquait souvent le souvenir du chien Pataud, compagnon d'infortune en ces temps difficiles. Malheureusement, aucune date précise n'a subsisté dans sa mémoire.
Louis Bedu et ses camarades avaient recueilli Pataud, un de ces nombreux chiens qui erraient alors, abandonnés par leurs maîtres pris dans les tourments de la guerre. Il avait trouvé un foyer plein de chaleur et d'affection et était devenu un compagnon apprécié des poilus de la batterie. Pataud s'était particulièrement attaché à Louis Bedu. Ils apparaissent ensemble sur de nombreuses photographies.
Mais un jour, le chien disparaît. Grand émoi dans la batterie, on cherche Pataud sans résultat. Le fidèle ami aurait-il déserté ? Les poilus apprennent alors qu'une femme du village voisin se serait emparée de leur précieux compagnon. Derechef, ils se rendent en comité auprès de la mégère et effectivement, ils trouvent le brave Pataud attaché à un pied de la cuisinière. Celui-ci, tellement heureux de revoir ses amis, tire si fort sur l'entrave qu'il en entraîne la cuisinière pourtant bien lourde. La matronne tente de protester et clame bien haut qu'il s'agit de son animal ! Mais les poilus ne s'en laissent pas compter et lui rétorque que la réaction du chien prouve bien qu'il est à eux. Ils rentrent alors triomphalement au camp accompagnés de Pataud.
Plus tard, lors d'un déplacement de la batterie, Pataud est installé comme à son habitude à l'avant d'un véhicule, entre le conducteur et Louis Bedu. Soudain, la colonne est prise sous un tir d'artillerie. Pataud reçoit un éclat d'obus et meurt entre ses deux compagnons. Malheureuse fin pour ce fidèle ami qui attrista beaucoup l'ensemble de la batterie, et particulièrement Louis Bedu qui avait beaucoup d'affection pour lui.
Louis Bedu est né le 2 mai 1888 à Henrichemont (Cher). Il exerce brièvement la profession de clerc de notaire avant d'être appelé au service militaire qu'il effectue de 1909 à 1911 au 37e RAC de Bourges. Il choisit ensuite de rester à l'armée et se rengage. Il est nommé maréchal des logis en avril 1911. Louis se marie en 1912 avec Jeanne Plaut.
Lors de la Grande Guerre, Louis part au front avec son régiment. Il est promu maréchal des logis chef le 26 août 1914, puis adjudant en août 1915, et adjudant chef en avril 1916. Il est muté au 252e RAC le 1er avril 1917, puis au 272e RAC le 16 janvier 1918.
Titulaire de nombreuses décorations, Louis Bedu continue sa carrière militaire jusqu'en mai 1938, date à laquelle il prend sa retraite.
Responsable de la sécurité incendie de l'école de pyrotechnie, il participe aux côtés des pompiers de la ville à la lutte contre le feu qui ravage les Nouvelles Galeries de Bourges en septembre 1928. C'est sans doute en récompense de cette action qu'il reçoit en juin 1929 la médaille d'honneur pour acte de courage et de dévouement.
Les documents présentés sur cette page font partie d'un don de Monsieur Thierry Fandard (cote 5 Num 45).
5 Num 45 Première Guerre mondiale, documents de Louis Bedu : photographies, médaille militaire (sans épingle), croix de guerre, croix du combattant, médaille commémorative française, de la Grande Guerre, médaille de la Victoire dite interalliée, médaille de la Marne, médaille de Verdun, médaille des trois cités [Belgique, agrafe Diksmuide], diplômes [médaille militaire, médaille de la Victoire], médaille d'honneur pour acte de courage et de dévouement et diplôme (1914-1930) ; documents de Louise Bedu : cartes postales (1914-1916). 1914-1930
NB : Louise Bedu, la mère de Louis, est cuisinière à l'hôpital auxiliaire n°20 Sainte-Marthe d'Henrichemont (Cher). Cet établissement est situé dans l'école de jeunes filles, place de l'Hôpital. Quelques blessés qui sont passé dans cet établissement écrivent pour la remercier de la bonne cuisine qu'elle leur faisait.