Attribution de la chapellenie du logis ducal de La Salle-le-Roi à Jocelin Sadon, 1404 (8 G 1173 [TSC 198]).
Original sur parchemin, scellé sur simple queue d’un sceau de cire rouge endommagé et restauré. Dimensions. Bourges, Archives Départementales du Cher, 8 G 1173 [TSC 198].
Dossier préparé par Clémence Lescuyer sous la direction d'Olivier Guyotjeannin et Olivier Matteoni.
1404, 7 décembre. – Bicêtre.
Jean, fils du feu roi de France, duc de Berry et d’Auvergne, etc., confère à Jocelin Sadon, clerc, la chapellenie perpétuelle fondée dans le logis ducal de La-Salle-le-Roi, près de Bourges, à la collation des ducs de Berry, et vacante par la résignation de maître Arnoul Belin, conseiller du duc, et son dernier détenteur. La mise en possession sera assurée par le sénéchal de Berry, et le versement des revenus par le receveur général du Berry.
- Un chapelain pour le logis de La Salle
L’acte désigne un successeur au chapelain du « logis » royal (désormais ducal) de La Salle, à proximité de Saint-Martin d’Auxigny, à une vingtaine de kilomètres de Bourges. Attestée dès le XIIe siècle au moins, cette modeste résidence, transformée en « palais » lors d’un séjour royal, répond bien à ce que l’on sait des résidences capétiennes : la proximité de bois où chasser, le rôle de centre domanial, le souci de l’équipement religieux avec une chapelle.
- Un acte d'administration courante
Une forme simple, une écriture hâtive, une rédaction initiale parfois incohérente, on le verra, caractérisent ce document d’administration courante.
Son aspect extérieur suffit à le rapprocher du type diplomatique du « mandement » royal (alias « lettres sur simple queue de parchemin »). Certains traits concordent : adresse personnelle, absence d’annonce du sceau ; mais d’autres divergent, à commencer par la cire rouge (et non « blanche ») du sceau.
Au fond, conformément d’ailleurs à l’esprit du mandement anglo-normand et français, le « mandement » affiche plus ou moins sa parenté originelle avec la lettre missive : d’un moment à l’autre, d’une affaire à l’autre, voire d’un rédacteur à l’autre, le dosage varie des caractéristiques de la lettre et des particularités de l’acte au sens du droit et de la diplomatique : l’un des critères les plus marquants est la formulation de la date, la lettre missive omettant souvent le millésime, l’acte prenant grand soin de le mentionner. C’est le cas ici : le rédacteur produit, dans une enveloppe épistolaire, un acte, qui notifie mais aussi authentifie la collation par le duc d’une chapellenie dans un logis royal, et donne les ordres conséquents à son administration. Il n’est pourtant pas à l’abri d’une tension, d’un balancement entre les deux « styles ».
L’explication se trouve sans doute dans la forme objective employée quand le duc s’adresse au receveur de Berry : « dicto Jocelino aut ejus certo mandato ». Tout se passe comme si l’introduction de la 2e personne du singulier avait été pratiquée après coup, dans toute la portion de texte précédente, en remplacement de pronoms et d’adjectifs qui auraient renvoyé à la 3e personne (du genre de « ille », « ejus »…), jugés ensuite incohérents avec la forme épistolaire du discours ; il y gagne en force. Et il est possible que, in fine, le problème inverse se soit posé pour le receveur (« sua », sur grattage, sans doute corrigé de « tua »). Il est possible, en bref, que le rédacteur, malgré l’adresse, ait dans un premier temps pensé s’adresser au receveur.
Il est intéressant de comparer le présent acte avec un autre, expédié moins de deux mois plus tard par le même secrétaire ducal [TSC 92], mais à l’autre extrême de la solennité. Les écritures traduisent clairement, par la tentation cursive de l’une, par le soin graphique de l’autre, les deux registres différents sur lesquels jouent ces actes ; elles sont de fait difficiles à comparer. Mais au bas de l’un comme de l’autre document, les mentions hors-teneur sont sans conteste tracées de la même main, celle du secrétaire en personne.
Le sceau correspond au « troisième grand sceau comme duc de Berry » dans le Corpus des sceaux…, t. III, p. 235.