Cahier de doléances de la paroisse de Berry-sur-Yèvre
Cahier de doléances de la paroisse de Berry-sur-Yèvre
Cote : B 5116
Publication : Nous, habitants de la paroisse de Berry-sur-Yèvre, composée de soixante-quinze feux, très humbles, très fidèles et très soumis sujets, supplions très instamment votre Majesté de vouloir bien écouter nos plaintes et doléances qui consistent :
Art. 1er. — Au sujet des impôts dont nous sommes surchargés, savoir : pour taille, impositions, accessoires de la taille, et la capîtation qui se montent au total à la somme de deux mille sept cent dix-huit livres cinq sols.
Art. 2. - Autres impôts pour les travaux des grandes routes qui se montent à la somme de quatre cent livres. Les impôts de ces deux articles ci-dessus, étant trop excessifs pour nous, occasionnent des frais tous les ans qui augmentent considérablement les dites sommes, attendu qu'il nous est impossible de payer aux termes dus.
Publication : Art. 6.- Les bois dont les maquignons d'intelligence entre eux s'emparent, ce qui leur coûte ce-nt livres l'arpent ils nous le vendent quatre cents livres l'arpent. Nous oserions demander à Sa Majesté d'arrêter ce maquignonnage et le transport qui se fait dans d'autres lieux de la province ; sans cela, nous prévoyons le prochain défaut du bois tant pour l'agriculture que pour l'usage nécessaire dans les maisons, de manière que nous pouvons dire que ces deux derniers articles sont capables de nous faire mourir de faim et de froid.
Publication : Art. 7.- Au temps des semences et des moissons, nous éprouvons une perte très considérable causée par une très nombreuse multitude de pigeons (1). Ce considéré, nous supplions votre Majesté de n'accorder qu'aux nobles le droit d'avoir des colombiers et défendre aux bourgeois et autres tous colombiers ou volières. Cette perte est peu connue aux bourgeois, mais nous, cultivateurs des terres, voyons ces animaux si attroupés que, malgré nos soins, ils enlèvent une partie de nos semences et égrènent les grains dès qu'ils commencent à venir à maturité jusqu'à ce qu'ils soient amassés et endommagent partout, ainsi que les chanvres.
(1) La possession d'un colombier était un privilège seigneurial. Cette doléance n'a rien d'excessif : dans certaines paroisses, le nombre de pigeons était très important.
Publication : Fait et passé à Berry-sur-Yèvre, le premier du mois de mars de l'année mil sept cent quatre-vingt-neuf, et ont déclaré ne savoir signer de ce interpellés, sauf les soussignés avec nous.
Lerat, Lavau, Rousseau, Julien, Crestin, Bernagou, Rousseau, Rousseau, Debladis, curé de Berry-sur-Yèvre.
